Fiche descriptive : Biostimulation aérobie

De : Services publics et Approvisionnement Canada

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Description

La bioremédiation aérobie est une technique de restauration in situ principalement utilisée pour le traitement des sols et/ou des eaux souterraines contaminées par des hydrocarbures pétroliers et des composés organiques volatils ou semi-volatils non halogénés.

La biodégradation aérobie est une technologie bien connue et éprouvée comprenant plusieurs modes d’opération. L’avantage principal de cette technologie est son faible coût, alors que son principal désavantage est le temps de traitement nécessaire pouvant être long. Cette technique consiste à fournir de l'oxygène (accepteur d’électron), des nutriments ou d'autres composés nécessaires aux bactéries indigènes aérobies du sol ou de l'eau souterraine, afin d'accélérer la biodégradation naturelle des contaminants. L'oxygène, qui est souvent le principal facteur limitant la croissance des bactéries aérobies, peut être fourni par un système d’injection d’air ou d’oxygène tel que l’injection d’air forcée, l’injection d’eau saturée en oxygène, l'injection d'oxydants chimiques à faible concentration (par exemple : peroxyde d'hydrogène) ou par l'utilisation de composés à relâchement progressif d'oxygène (Oxygen release compound [ORC]). Les nutriments peuvent être incorporés à la matrice contaminée sous forme dissoute (ex. : engrais soluble commercial) ou gazeuse.

Liens Internet :

Mise en œuvre de la technologie

La mise en œuvre de projets de bioremédiation aérobie peut inclure :

  • Des essais en laboratoire ou à l’échelle pilote
  • La mobilisation, l'accès au site et la mise en place d'installations temporaires
  • Un système d'ajout d’oxygène et de nutriments peut nécessiter des mesures telles que :
    • L'installation de puits/pointes d’injection, d’extraction et de suivi
    • La construction de tranchées ou de drains d’infiltration
    • L'injection ou l'infiltration de solutions aqueuses de traitement
    • L'injection de gaz en dessous de la nappe phréatique
    • Le mélange des sols en profondeur avec des réactifs solides ou en suspension
    • L'extraction, l'ajout d’un amendement et la réinjection de l’eau souterraine
  • Un programme de suivi.
  • Le démantèlement du matériel d'injection.

Des nutriments et de l’oxygène sont introduits dans le média contaminé pour stimuler la destruction ou la transformation des contaminants ciblés. Une fois introduite dans les sols, la population microbienne indigène s’adapte aux nouvelles conditions chimiques et géochimiques. Le traitement est arrêté lorsque les concentrations de contaminants atteignent les objectifs de traitement.

Les principaux enjeux de la biorestauration sont liés à la répartition du traitement dans le média souterrain et d’assurer un environnement adéquat à la croissance des bactéries.

Les nutriments et l’oxygène sont généralement introduits dans la zone vadose ou la zone saturée dans des puits d’injection ou d’extraction. Des tranchées, des systèmes de barbotage, des galeries d’infiltration, des diffuseurs installés dans les puits, des techniques de pompage et de réinjection des eaux souterraines et d’autres équipements peuvent également être utilisés.

Bien que cette technologie ne soit pas éprouvée pour la remédiation des métaux comme telle, plusieurs approches au stade expérimental ont été utilisées pour réduire les concentrations de métaux dissous au moyen des mécanismes biologiques induisant des phénomènes de sorption, de séquestration ou de précipitation (notamment la formation de sulfures métalliques) en changeant l’état de valence des métaux. Le devenir à long terme des métaux dans ces systèmes et les avantages relatifs des différentes approches fait toujours l’objet de recherches.

Matériau et entreposage

  • Les réactifs injectés varient considérablement en fonction des contaminants, de la composition des eaux souterraines et du spécialiste. Divers mélanges sont couramment utilisés, notamment des composés pour la libération d’oxygène. Excepté l’air et l’oxygène, les composés génériques couramment utilisés comprennent l’urée (comme source d’azote), le nitrate d’ammonium (comme source d’azote), le peroxyde d’hydrogène dilué, le peroxyde de calcium, le peroxyde de magnésium, etc. Des réservoirs d’oxygène, des compresseurs d’air, des pompes à vide ou des générateurs d’oxygène peuvent également être utilisés.
  • L'entreposage sur le site est principalement lié aux composés utilisés dans les systèmes d’eaux souterraines et aux procédés d’application.
  • Les projets utilisant des injections périodiques de matériaux peuvent faire livrer ces matériaux sur le site en fonction des besoins afin éviter l'entreposage sur le site.

Résidus et rejets

  • Lorsque le traitement est réussi, le principal résidu est la biomasse microbienne (qui se décompose au fil du temps).
  • L’excès d'agent réactif ne peut habituellement être récupéré, et est généralement consommé sur place.
  • L’installation du système nécessite généralement des travaux de forage ou d’excavation dans les zones contaminées, entraînant la manipulation et l’élimination de sols contaminés, généralement placés dans des conteneurs et éliminés hors site.
  • L’eau souterraine traitée peut transporter des microorganismes, des sous-produits de dégradation et autres hors de la zone de traitement si aucun contrôle hydraulique n’est appliqué.

Analyses recommandées dans le cadre d’une caractérisation détaillée

Analyses biologiques

  • Le dénombrement de la population bactérienne hétérotrophe totale et de la population bactérienne spécifique (selon le ou les contaminants d’intérêt)

Analyses chimiques

  • pH
  • Le potentiel d'oxydoréduction (Eh)
  • Le contenu en carbone organique
  • La teneur en matière organique
  • La concentration des métaux
  • La concentration des contaminants présents dans les phases :
    • adsorbées
    • dissoutes
    • libres
  • La concentration des nutriments incluant :
    • l'azote ammoniacal
    • l'azote total Kjeldahl
    • les nitrates
    • les nitrites
    • le phosphore total

Analyses physiques

  • La concentration en oxygène dissous
  • La température
  • L'analyse granulométrique
  • L'évaluation biologiques et des facteurs écologiques

Essais recommandés dans le cadre d’une caractérisation détaillée

Essais biologiques

  • Essai de minéralisation en microcosmes
  • Essai de biodégradation en bac

Essais hydrogéologiques

  • Essais avec traceur

Remarque : Des essais sur le terrain pour mesurer la conductivité hydraulique au niveau de la barrière gelée ainsi que le rayon d'influence des tubes frigorifiques sont nécessaires avant de procéder à l'installation d'une barrière gelée.

Autre information recommandée pour une caractérisation détaillée

Phase II

  • La profondeur et l'étendue de la contamination
  • La présence de récepteurs :
    • la présence de récepteurs potentiels
    • la présence d'infrastructures de surface et souterraines
    • le risque de migration hors site

Phase III

  • La stratigraphie du sol
  • La détermination des voies préférentielles de migration des contaminants
  • Une modélisation hydrogéologique
  • La connaissance détaillée de la géologie et de l'hydrogéologie incluant :
    • la direction d'écoulement des eaux souterraines
    • la conductivité hydraulique
    • les fluctuations saisonnières
    • le gradient hydraulique

Applications

  • Permet de traiter la contamination résiduelle située dans la zone vadose et la zone saturée ainsi que la contamination dissoute dans l'eau souterraine;
  • S'applique aux contaminants qui peuvent être dégradés ou transformés en conditions aérobies (présence d'oxygène);
  • Les sols doivent être suffisamment perméables et homogènes pour permettre la distribution efficace de l’oxygène et des nutriments.
  • Le pH des sols doit idéalement se situer entre 6 et 8.

Applications aux sites en milieu nordique

La biorémédiation aérobie in situ est potentiellement applicable dans certaines régions éloignées où les obstacles de mobilisation et de transport des matières et de matériel d’injection peuvent être surmontés. Le froid peut nuire à la biodégradation. L’activité microbienne est optimale seulement durant la saison chaude et le traitement peut prendre plusieurs années. En profondeur (en dessous du pergélisol), l’activité microbienne est possible puisque la température des sols est relativement constante tout au long de l’année.

Type de traitement

Type de traitement
Type de traitementS’applique ou Ne s’applique pas
In situ
S’applique
Ex situ
Ne s’applique pas
Biologique
S’applique
Chimique
Ne s’applique pas
Contamination dissoute
S’applique
Contamination résiduelle
S’applique
Contrôle
Ne s’applique pas
Phase libre
Ne s’applique pas
Physique
Ne s’applique pas
Résorption
S’applique
Thermique
Ne s’applique pas

État de la technologie

État de la technologie
État de la technologieExiste ou N'existe pas
Démonstration
N'existe pas
Commercialisation
Existe

Contaminants ciblés

Contaminants ciblés
Contaminants ciblésS'applique, Ne s'applique pas ou Avec restrictions
Biphényles polychlorés
Ne s'applique pas
Chlorobenzène
Avec restrictions
Composés inorganiques non métalliques
Avec restrictions
Composés phénoliques
Avec restrictions
Explosifs
Ne s'applique pas
Hydrocarbures aliphatiques chlorés
Avec restrictions
Hydrocarbures aromatiques monocycliques
S'applique
Hydrocarbures aromatiques polycycliques
Avec restrictions
Hydrocarbures pétroliers
S'applique
Métaux
Ne s'applique pas
Pesticides
Avec restrictions

Remarques:

  • Chlorobenzènes : le terme s'applique aux chlorobenzène, dichlorobenzène et trichlorobenzène.
  • Composés phénoliques : le terme s'applique aux crésol, pentachlorophénol et tétrachlorophénol.
  • Composés inorganiques non métalliques : le terme s'applique à l'azote ammoniacal seulement.

Durée du traitement

Durée du traitement
Durée du traitementS’applique ou Ne s’applique pas
Moins de 1 an
Ne s’applique pas
1 à 3 ans
S’applique
3 à 5 ans
S’applique
Plus de 5 ans
S’applique

Remarques :

Chlorobenzènes : le terme s'applique aux chlorobenzène, dichlorobenzène et trichlorobenzène.
Composés phénoliques : le terme s'applique aux crésol, pentachlorophénol et tétrachlorophénol.
Composés inorganiques non métalliques : le terme s'applique à l'azote ammoniacal seulement.

Considérations à long terme (à la suite des travaux d'assainissement)

Un suivi de la qualité des eaux souterraines pourrait être nécessaire afin de s'assurer du respect des objectifs de réhabilitation et des critères et normes applicables lors du retour à l’équilibre de l’aquifère suivant l’arrêt du traitement et la décomposition de la biomasse.

Produits secondaires ou métabolites

La biodégradation de certains contaminants tels que les hydrocarbures aliphatiques chlorés peut générer des métabolites toxiques (ex. : la transformation biologique du dichloroéthène produit du chlorure de vinyle). Des problèmes similaires avec des intermédiaires toxiques peuvent se produire lors de la dégradation de certains explosifs et pesticides.

Limitations et effets indésirables de la technologie

  • Cette technologie n’est pas appropriée en présence de phase libre;
  • Les sols peu perméables peuvent limiter l'application de cette technique;
  • Une injection homogène est difficile à obtenir. Les sols fracturés, compactés, hydrophobes, stratifiés et/ou hétérogènes peuvent causer des chemins préférentiels lors de l’injection d’air ou de nutriments;
  • Une concentration trop élevée de contaminants et la présence de produit en phase libre peuvent inhiber la biodégradation;
  • Une concentration importante en métaux peut inhiber la biodégradation;
  • Cette technologie n'est pas applicable pour les contaminants inorganiques excepté l'azote ammoniacal;
  • Le pH des sols doit être idéalement entre 6 et 8;
  • En présence de concentrations élevées de fer ferreux ou de manganèse dissous, l'ajout d'oxygène peut provoquer le colmatage des puits d'injection et du matériel géologique situé à proximité en raison de la formation de biomasse et/ou de précipités de fer et de manganèse;
  • Cette technologie peut avoir des effets importants sur des paramètres comme le potentiel d’oxydoréduction, le pH et le carbone organique total.
  • Les fluides injectés peuvent déplacer (ou « pousser ») l’eau interstitielle contaminée en aval du point d’injection, entraînant ainsi à court terme des changements très importants dans la distribution des eaux souterraines contaminées.
  • L’utilisation de l’oxygène, un gaz inflammable, peut poser un risque pour la santé, la sécurité et l’environnement (risques d’incendie, de suffocation en espace clos et d’explosion).
  • En cas d’accident ou de défaillances dans les zones de traitement, de l’eau souterraine contaminée non traitée peut migrer en dehors de ces zones.
  • De très faibles concentrations de contaminants peuvent ne pas être atteignables.

Technologies complémentaires améliorant l’efficacité du traitement

  • Chauffage des sols (température maintenue sous les 40 °C);
  • Remédiation électrocinétique;
  • Bioaugmentation.

Traitements secondaires requis

  • Il n'y a pas de technologie secondaire requise

Exemples d'application

Les sites Web suivants fournissent des exemples d'application :

Performance

La bioremédiation aérobie in situ est une technologie de traitement largement éprouvée. Par rapport à des technologies ex situ nécessitant l’excavation, cette technologie est souvent moins coûteuse et entraîne moins de perturbations de l’environnement et des activités du site. Le temps nécessaire à la restauration d'un site par bioremédiation in situ aérobie est très variable et est fonction à la fois du type et de la concentration en contaminant, de la population bactérienne indigène et des propriétés physico-chimiques du milieu.

Mesures pour améliorer la durabilité de la technologie et/ou favoriser l’assainissement écologique

  • Optimisation du calendrier afin de favoriser le partage des ressources et réduire le nombre de jours de mobilisation.
  • Utilisation d'énergie renouvelable et d’équipement à faible consommation d’énergie (par exemple, énergie géothermique ou solaire pour la distribution des agents réactifs).
  • Choix d’amendements requérant moins d'énergie pour la production.
  • Favoriser l'utilisation d’amendements fournis par des producteurs locaux.
  • Recirculation de l’eau souterraine afin de maximiser l'utilisation des amendements et diminuer le nombre de puits d'injection.
  • Utiliser la pluie pour diluer les amendements/nutriments à injecter.
  • Utiliser de contenants de solution en vrac recyclables.

Impacts potentiels de l'application de la technologie sur la santé humaine

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Références

Auteur et mise à jour

Fiche rédigée par : Magalie Turgeon, Conseil national de recherches

Mise à jour par : Karine Drouin, M.Sc., Conseil national de recherches

Date de mise à jour : 1 avril 2008

Dernière mise à jour par : Marianne Brien, P.Eng., Christian Gosselin, P.Eng., M.Eng., Golder Associés Ltée

Date de mise à jour : 22 mars 2019

Version :
1.2.5