Fiche descriptive : Excavation (dans le sol asséché) et élimination hors site – sédiments

De : Services publics et Approvisionnement Canada

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Description

L’excavation consiste à retirer des sédiments contaminés de plans d’eau douce, d’eau d’estuaire ou d’eau de mer en vue de l’assainissement. Elle se distingue du dragage, car elle exige un déplacement temporaire ou une redirection du plan d’eau, afin que l’on puisse retirer les sédiments grâce à la machinerie de creusage conventionnelle pour sol asséché. Comme il peut être onéreux d’éliminer l’eau, l’excavation convient mieux aux plans d’eau peu profonds ou aux milieux littoraux (ruisseaux, étangs, petites rivières, baies de petite dimension, etc.). Elle est d’une utilité particulière dans des lieux bien délimités où la contamination est élevée. Par contre, il est préférable de l’éviter dans une situation de contamination étendue, à moins de la combiner à d’autres méthodes, car elle coûte très cher et la machinerie de creusage moderne n’a pas la souplesse et la précision nécessaires.

L’excavation a, comme le dragage, l’avantage particulier de pouvoir être utilisée promptement pour atteindre les objectifs d’assainissement et de garantir un grand degré de certitude en ce qui concerne l’efficacité à long terme, du point de vue de la réalisation des objectifs de nettoyage. Comme les contaminants sont éliminés en relativement peu de temps, les mécanismes de contrôle institutionnels (restrictions de la navigation et de l’utilisation de l’eau, par exemple) ne sont généralement pas nécessaires et les possibilités d’utilisation future des sites demeurent très variées. L’excavation demeure toutefois une méthode de décontamination très invasive, qui peut avoir des répercussions négatives à long terme sur les habitats aquatiques en l’absence de mesures de contrôle et de pratiques de gestion adéquates.

En préparation de l’excavation, il faut retirer l’eau du site. On commence par isoler les lieux, puis on pompe l’eau jusqu’à ce qu’il ne reste plus que des sédiments secs. On retire ensuite les sédiments contaminés, que l’on assèche avant l’élimination ou le traitement. Les matières extraites par excavation contiennent généralement moins d’eau que celles qui sont extraites par dragage, mais il peut falloir les soumettre à la déshydratation ou à la solidification. Il est préférable de traiter et d’éliminer sur place la fraction aqueuse. Les sédiments contaminés peuvent être traités, éliminés ou recyclés avec ou sans traitement. De nombreuses méthodes de recyclage exigent toutefois un traitement et parfois une autorisation des instances réglementaires.

Les sédiments extraits par excavation peuvent être éliminés hors site, dans une installation pour déchets dangereux ou un site d’enfouissement, ou encore sur place par recouvrement terrestre, semi-aquatique ou subaquatique ou dans une installation de mise en dépôt aquatique confiné. Se reporter aux fiches d’information Recouvrement – Sédiments et Mise en dépôt aquatique confiné et installations de confinement actif – Sédiments pour en savoir plus.

Liens Internet :

ITRC, 2014. Contaminated Sediments Remediation: Remedy Selection for Contaminated Sites.

http://www.itrcweb.org/contseds_remedy-selection/

US EPA, 2005. The Contaminated Sediment Remediation Guidance for Hazardous Waste Sites. Chapter 6: Dredging and Excavation.

https://semspub.epa.gov/work/HQ/174460.pdf

Mise en œuvre de la technologie

Le processus de planification et de réalisation d’un projet d’excavation en vue de la récupération et de l’élimination de sédiments contaminés comprend certaines ou la totalité des étapes suivantes :

  • caractérisation détaillée du site afin de délimiter la zone d’excavation et le volume total de sédiments à extraire;
  • détermination de l’endroit idéal pour installer le matériel de confinement de l’eau et le volume d’eau à déplacer;
  • capture et déplacement des organismes et de la faune aquatiques habitant la zone d’excavation (dans la mesure du possible). S’il faut déplacer des espèces en voie de disparition ou menacées, il faut obtenir, au besoin, les permis nécessaires;
  • isolation et déshydratation de la zone par élimination ou redirection du plan d’eau. Cela peut exiger l’installation de structures de maîtrise de l’eau, comme des écluses ou des rideaux de palplanches, pour permettre l’élimination de l’eau dans la zone d’excavation;

    installation de moyens de recueillir les sédiments (clôtures anti-érosion, par exemple). Ces structures permettront une diminution du volume de sédiments propres se déposant dans la zone et limiteront l’éparpillement des sédiments (notamment sous l’effet du vent) pendant les travaux;

  • installation de pompes et de matériel d’extraction de l’eau (pour prévenir l’accumulation d’eau souterraine par infiltration ou à cause des précipitations et du ruissellement) dans la zone d’excavation. On pourrait avoir à traiter l’eau et à l’éliminer;
  • élimination de débris volumineux susceptibles de nuire au fonctionnement de la machinerie d’excavation. Les débris devraient être remis en place une fois l’excavation terminée, afin de servir d’abri pour les poissons;
  • excavation des sédiments et mise en dépôt, à l’aide de machines telles que des excavatrices, des pelles rétrocaveuses et des bennes preneuses;
  • prétraitement des sédiments par déshydratation, tri selon la grosseur, etc., au besoin;
  • traitement, élimination ou réutilisation des sédiments obtenus par excavation, selon les possibilités du site;
  • surveillance de la zone d’excavation par levés bathymétriques ou échantillonnage, en vue de s’assurer que les objectifs de profondeur et d’extraction des contaminants ont été atteints;
  • traitement et élimination de la fraction aqueuse après la déshydratation des sédiments.

Les sédiments dont la contamination dépasse les seuils réglementaires doivent être éliminés par une méthode acceptable, traités et déposés à nouveau dans l’environnement ou réadaptés avec ou sans traitement. Les méthodes d’élimination varient selon les conditions du site, le type et la concentration des contaminants et la proximité des installations d’élimination.

On doit dans la mesure du possible envisager la réutilisation et la réadaptation, car ces options sont plus économiques si le traitement et l’élimination ne sont pas nécessaires. Parmi les méthodes de réutilisation, on note la couverture dans un site d’enfouissement, le matériau de remblayage pour la construction, la restauration de terrains miniers, la couverture de sol de fondation et le matériau de restauration (pour être recouvert de sédiments non contaminés), les matériaux de construction et le rechargement de plages.

Règle générale, la quantité de sédiments traitée aura une incidence directe sur la portée du projet, sa durée et son coût; on doit donc la réduire au minimum tout en respectant les normes relatives à la santé humaine et à celle de l’environnement.

Matériaux et entreposage

  • La plupart du temps, les matériaux apportés sur place se limitent à la machinerie lourde et aux matériaux de construction, en plus de petites quantités de carburants, de lubrifiants et de matériel d’emballage. Si l’on emplit le réservoir des machines sur place, on peut aussi prévoir une citerne mobile.
  • Les sédiments contaminés peuvent être stockés en vrac ou mis en dépôt sur place, de même que les sédiments propres et les substances utilisées dans le traitement secondaire. Les piles de stockage de sédiments contaminés doivent être étanchéifiées, pour prévenir la volatilisation du lixiviat ou son ruissellement vers les eaux souterraines. On doit aussi les recouvrir pour prévenir la dispersion de la poussière et des particules dans l’air et pour empêcher tout contact entre les précipitations et les contaminants.
  • On peut stocker sur le site les produits chimiques et les amendements utilisés dans le traitement secondaire (par exemple la biodégradation ou le recouvrement).
  • Les substances utilisées dans le traitement des eaux usées (floculants, clarifiants, etc.) et les matériaux de traitement des sédiments peuvent être stockés sur le site, quand on compte déshydrater ou traiter les sédiments à cet endroit.

Déchets et élimination

  • Les rebuts que l’on trouve sur le site ressemblent à ceux des chantiers de construction et peuvent comprendre des absorbants carrés usagés. Les sédiments stockés en vrac, puis retirés du site doivent être traités et éliminés, ce qui pourrait exiger le recours à un mode de transport jusqu’au site d’enfouissement, au site de mise en dépôt contrôlé, etc.
  • L’eau mise en contact avec le site contaminé devra parfois être traitée avant d’être éliminée dans l’environnement. Il s’agit notamment de l’eau de transport provenant de la déshydratation des sédiments contaminés, des eaux souterraines infiltrées et de l’eau de surface ruisselant vers le site, de même que toute eau retirée du site avant le début des travaux d’excavation.
  • Les émissions de vapeur dépendent de la nature du site et des contaminants; ceux-ci, s’ils sont volatils, peuvent se dégager des parois récemment excavées ou des stocks de sédiments. Si le site présente des émissions de radon d’origine naturelle, les activités d’excavation peuvent avoir pour effet de le mobiliser et de le volatiliser. Notons également que les émanations de gaz de sédiments contenant un haut taux de matière organique peuvent entraîner des problèmes d’odeurs. Les travailleurs qui se trouvent en présence probabl

Analyses recommandées dans le cadre d’une caractérisation détaillée

Analyses chimiques

  • pH
  • Les concentrations de tous les contaminants pour chacune des fractions de sol
  • La concentration des contaminants présents dans les phases :
    • adsorbées
    • dissoutes
    • libres

Analyses physiques

  • La concentration en méthane
  • La température
  • L'analyse granulométrique
  • La concentration des matières en suspension
  • Le contenu en sels minéraux et les types de sels
  • Contenu en eau des sédiments

Essais recommandés dans le cadre d’une caractérisation détaillée

Essais physiques

  • Essais de perméabilité à l’air
  • Relevé des vapeurs
  • Essais de lavage et de rinçage des sédiments

Essais hydrogéologiques

  • Essai de pompage

Autre information recommandée pour une caractérisation détaillée

Phase II

  • La profondeur et l'étendue de la contamination
  • La présence de récepteurs :
    • la présence de récepteurs potentiels
    • la présence d'infrastructures de surface et souterraines
    • le risque de migration hors site
  • La bathymétrie
  • La caractérisation du milieu physique incluent :
    • la dimension du plan d'eau
    • l'influence des marées
    • le régime des glaces
    • la végétation aquatique
    • la présence de ponts
    • la proximité des terres
    • d'installations maritimes
  • Caractérisation de l’utilisation actuelle et projetée de l’eau de surface et du plan d’eau en général (incluant le tirant d’eau nécessaire pour les bateaux)

Phase III

  • La détermination des voies préférentielles de migration des contaminants
  • Le volume de sol à traiter
  • La caractérisation géotechnique du dépôt sédimentaire

Applications

L’excavation peut être utilisée dans un site contaminé si :

  • la réduction du risque à long terme associé à l’élimination des contaminants l’emporte sur la destruction immédiate de la communauté benthique;
  • le site ne contient pas d’organismes ou d’habitats sensibles ou menacés ou s’il est possible, dans le cas contraire, de les capturer, de les confiner et de les réintroduire à la fin des travaux d’excavation sans perturbation inutile. Les habitats naturels doivent pouvoir s’adapter à une augmentation de la profondeur de l’eau, qui se produit naturellement après l’excavation. En l’absence de cette adaptabilité, si l’on souhaite tout de même procéder à l’excavation, il faudra prévoir des sédiments ou des matériaux de remblayage propres pour que la couche de sédiments reprenne sa hauteur d’origine;
  • une contamination à taux très élevé a été constatée à certains endroits bien délimités (points chauds), ce qui justifie une élimination grâce à l’excavation. Les sédiments à risque élevé de remise en suspension et ceux qui contiennent des substances en phase libre très mobiles (par exemple les liquides en phase non aqueuse) conviennent mal aux travaux de dragage et de recouvrement, mais on peut les maîtriser plus facilement avec l’excavation;
  • la redirection ou l’élimination de l’eau qui recouvre une zone contaminée est faisable dans la pratique;
  • on peut stocker l’équipement et disposer des sédiments sur le site même ou à faible distance. Les rivages sont faciles d’accès quand ils se trouvent au bas d’une pente stable, apte à supporter la machinerie d’excavation et les contenants de stockage des sédiments;
  • l’accès au site n’est pas obstrué par des structures locales (jetées, câbles enfouis, etc.). Il y a peu de débris (troncs d’arbre, rochers) et on peut les enlever avant l’excavation;
  • les contaminants sont généralement de la même grosseur et peuvent être facilement séparés des sédiments propres.

Applications aux sites en milieu nordique

L’assainissement des sites dans les environnements du Nord pose des défis particuliers. Les sites sont intrinsèquement éloignés et parfois difficiles d’accès. La majorité de l’équipement requis pour l’assainissement des sites doit être transportée par bateau ou avion, généralement en provenance d’endroits situés à des centaines de kilomètres, et à prix fort. Les restrictions climatiques (p. ex. les températures froides et l’état des glaces) et les brefs créneaux saisonniers pour l’exécution des travaux peuvent limiter les options d’assainissement.

L’assainissement peut nécessiter l’imposition de restrictions ou de limites concernant la consommation d’organismes indigènes par les humains en présence de sédiments contaminés. Comme il se peut que les collectivités locales comptent sur les animaux aquatiques (p. ex. les phoques et les baleines) et les poissons comme une importante source de nourriture, ces restrictions peuvent avoir sur elles une incidence importante. L’ensemble de ces facteurs peut changer l’approche et les options d’assainissement pour les régions éloignées.

On a moins souvent recours à l’excavation dans les environnements du Nord, à cause du coût important de la mobilisation de l’équipement et du personnel, de la disponibilité locale limitée de l’équipement, des restrictions d’accès aux sites et de la courte saison de travail.

Par manque d’accès rapide à des laboratoires agréés, il est difficile d’exécuter la surveillance et les essais, et il faut souvent mettre au point des méthodes d’essai et d’analyse des matériaux sur le site.

Les frais de transport des sédiments contaminés vers les sites d’élimination existants et de la logistique qui y est associée sont souvent prohibitifs et rendent nécessaires le traitement et l’élimination sur place. Ce traitement coûte souvent très cher et est associé à un haut niveau d’incertitude; il faut en outre parfois y intégrer des techniques de conception propres aux environnements nordiques, telles que des tests de résistance au gel/dégel et l’affouillement glacial.

Type de traitement

Type de traitement
Type de traitementS’applique ou Ne s’applique pas
In situ
Ne s’applique pas
Ex situ
S’applique
Biologique
Ne s’applique pas
Chimique
Ne s’applique pas
Contamination dissoute
Ne s’applique pas
Contamination résiduelle
Ne s’applique pas
Contrôle
Ne s’applique pas
Phase libre
S’applique
Physique
S’applique
Résorption
Ne s’applique pas
Thermique
Ne s’applique pas

État de la technologie

État de la technologie
État de la technologieExiste ou N'existe pas
Démonstration
N'existe pas
Commercialisation
Existe

Contaminants ciblés

Contaminants ciblés
Contaminants ciblésS'applique, Ne s'applique pas ou Avec restrictions
Biphényles polychlorés
S'applique
Chlorobenzène
S'applique
Composés inorganiques non métalliques
S'applique
Composés phénoliques
Avec restrictions
Explosifs
Ne s'applique pas
Hydrocarbures aliphatiques chlorés
S'applique
Hydrocarbures aromatiques monocycliques
S'applique
Hydrocarbures aromatiques polycycliques
S'applique
Hydrocarbures pétroliers
S'applique
Métaux
S'applique
Pesticides
S'applique

Durée du traitement

Durée du traitement
Durée du traitementS’applique ou Ne s’applique pas
Moins de 1 an
Ne s’applique pas
1 à 3 ans
Ne s’applique pas
3 à 5 ans
Ne s’applique pas
Plus de 5 ans
Ne s’applique pas

Remarques :

Le temps requis pour répondre à tous les besoins d’assainissement dépend du volume et de l’étendue des sédiments contaminés, de l’équipement utilisé, de la nécessité d’un traitement secondaire et du mode de transport des sédiments extraits par excavation. Quand les volumes de sédiments contaminés sont faibles et bien délimités, le temps requis peut aller de quelques semaines à quelques mois. Par contre, on devra peut-être compter plusieurs années si les sédiments sont volumineux ou répandus dans une grande superficie ou si les caractéristiques du site (infrastructures, etc.) posent des problèmes de logistique difficiles.

Considérations à long terme (à la suite des travaux d'assainissement)

En général, l’excavation est une méthode très précise d’extraction de contaminants, car elle est réalisée sur un sol asséché. Il n’est habituellement pas nécessaire d’assurer une surveillance à long terme dans les lieux où elle a permis de retirer et de traiter tous les sédiments contaminés. On en aura cependant besoin là où l’excavation est suivie d’autres technologies d’assainissement ou si l’on a recours à une méthode d’élimination des sédiments sur place.

Produits secondaires ou métabolites

Un traitement par excavation entraîne peu de métabolites secondaires, car les sédiments contaminés sont extraits, traités et, le cas échéant, éliminés. L’excavation risque cependant d’émettre des contaminants volatils dans l’atmosphère et ceux-ci peuvent être inhalés par les travailleurs et la population environnante. L’excavation peut théoriquement introduire de l’oxygène dans des milieux anaérobiques, entraînant des changements localisés au taux d’acidité (pH); en revanche, peu d’effets nuisibles ont été documentés.

Limitations et effets indésirables de la technologie

Limites

  • L’excavation ne convient pas aux situations suivantes :
    • lieux où une faible contamination s’étend sur une vaste superficie, en couches minces ou inégalement selon les endroits;
    • lieux où il est difficile ou impossible de faire disparaître ou de rediriger un plan d’eau, par exemple lorsque celui-ci est très profond ou soumis à de forts courants;
    • lieux où les sédiments sont entourés d’une infrastructure ou de services publics importants (p. ex. infrastructure submergée, restrictions en hauteur, débris ou rochers de grandes dimensions);
    • endroits où l’on trouve des munitions explosives non explosées, comportant un risque de détonation accidentelle.
  • L’excavation présente des défis dans les circonstances suivantes :
    • lieux comportant une pente importante ou dans lesquels la faible résistance au cisaillement des sédiments (c’est-à-dire leur aptitude à être comprimés sans se mettre à glisser) ne leur permet pas de supporter le poids de la machinerie d’excavation, ce qui peut se traduire par une défaillance des structures;
    • contaminants hautement volatils ayant pour effet d’accroître le risque d’inhalation pour les travailleurs et la population;
    • sédiments contaminés se trouvant dans des crevasses du substratum rocheux et ne pouvant ainsi être extraits par la machinerie d’excavation;
    • lieux où la remontée d’eau souterraine est importante ou qui sont fréquemment soumis à des pluies abondantes;
    • lieux où pourraient se trouver des ressources d’ordre culturel ou archéologique;
    • lieux grandement éloignés des installations d’élimination ou peu aptes à composer avec des sédiments contaminés.

Répercussions négatives

  • L’excavation peut entraîner la perte complète de la communauté benthique et la récupération peut s’étaler sur plusieurs années. La restauration de l’habitat peut comprendre l’application d’une couche de remplissage, des travaux de terrassement, une revégétalisation, l’installation de structures d’amélioration de l’habitat aquatique et des mécanismes de génie végétal.
  • On rencontrera souvent d’autres perturbations physiques, comme des affaissements ou des effondrements, qui peuvent endommager la machinerie d’excavation et les structures voisines et présenter un danger pour les employés. Du point de vue géotechnique, la conception doit être faite avec le plus grand soin, afin de pouvoir déterminer le degré de solidité et la résistance au cisaillement des sédiments et prévoir l’affaiblissement des caractéristiques géologiques du site et des environs.
  • En redirigeant le débit d’un plan d’eau autour d’une zone d’excavation, on peut causer un affouillement ou modifier la morphologie des chenaux dans les environs.
  • Les travaux d’excavation risquent d’affecter le comportement et l’accessibilité de la voie navigable touchée, notamment aux points de vue suivants : capacité de maîtriser les inondations, qualités esthétiques, possibilités de navigation et d’amarrage et santé du milieu benthique. On pourrait avoir besoin de mécanismes sur mesure ou de contrôles opérationnels pour en réduire les effets au minimum. Des altérations importantes peuvent aussi être un signe qu’une autre méthode de décontamination serait préférable. Il pourrait falloir obtenir d’une instance réglementaire (par exemple une commission des transports) un permis autorisant la modification d’une voie navigable. Le contrôle de la poussière est source de préoccupation quand un sol asséché est soumis à l’excavation ou quand on stocke des sédiments en vrac. Ces derniers doivent être recouverts et protégés pour éviter la formation de poussière, l’émission de gaz et la contamination sous l’effet de la pluie. Quand un site contient des contaminants volatils qui risquent de poser des problèmes de santé inacceptables pour l’homme et l’environnement, à cause de l’évaporation et de la poussière, on peut éliminer celle-ci en ajoutant différentes substances aux sédiments. Citons notamment les vaporisateurs aux polymères, les solutions de chlorure de calcium, les lignosulfonates et des agents moussants.
  • Les travaux d’excavation qui s’attaquent à des rochers ou à des substrats rocheux à forte teneur en minéralisations sulfurées peuvent accroître la vulnérabilité à l’oxydation par les sulfures et au drainage acide sur le roc, à cause de l’exposition des sulfures à l’air et à l’humidité.

Technologies complémentaires améliorant l’efficacité du traitement

L’excavation n’est pas efficace lorsqu’il s’agit d’extraire complètement une contamination légère, mais étendue. C’est pourquoi on y a principalement recours dans des endroits bien délimités, où la contamination est intense et comporte un risque élevé. On utilise ensuite des technologies complémentaires comme celles qui sont mentionnées dans la fiche d’information Restauration naturelle  – Sédiments pour lutter contre la contamination plus faible des alentours.

S’il reste des sédiments contaminés une fois l’excavation terminée, on pourra déposer un recouvrement en couche mince sur les lieux avant de laisser le plan d’eau reprendre sa place. Le recouvrement préviendra tout contact avec les contaminants, qui ne se répandront pas dans la colonne d’eau.

Traitements secondaires requis

Parmi les traitements secondaires des sédiments extraits par excavation, citons l’élimination, le traitement et l’élimination et la réutilisation avec ou sans traitement. Les sédiments dont la contamination excède le seuil réglementaire doivent être traités et, le cas échéant, éliminés. Le traitement peut avoir lieu sur place, mais il est aussi possible de transporter les sédiments vers un autre lieu de traitement secondaire et d’élimination. Les technologies de traitement secondaire comprennent l’oxydation chimique ex situ, le recouvrement ex situ et la mise en dépôt aquatique confiné. Des fiches d’information détaillées expliquent ces technologies avec une grande précision. Par ailleurs, l’eau retirée de la zone d’excavation et celle qui a été extraite par déshydratation doivent être traitées avant de les remettre dans l’environnement.

Exemples d'application

EPA des États-Unis Élimination de BPC et de LPNA grâce à l’excavation dans la rivière Housatonic, au Massachusetts.

http://www.itrcweb.org/contseds_remedy-selection/Content/Appendix%20A/A%2027Case%20Study%20Housatonic.htm

Victoria, C.-B. Extraction de sédiments contaminés dans la baie Rock, à Victoria, grâce à l’excavation.

http://www.qmenv.com/Case-Studies/Rock-Bay

Performance

L’excavation offre une extraction très précise des sédiments contaminés, car la zone est visible et accessible avec la machinerie de construction courante. Les problèmes de remise en suspension associés à l’assainissement par dragage peuvent être réduits au minimum grâce à l’excavation en sol sec, où l’on utilise des moyens de confinement des sédiments dont on peut évaluer visuellement le rendement et que l’on peut modifier au besoin.

Travailler en sol sec coûte cher et les coûts peuvent être difficiles à maîtrise. Ceux-ci peuvent être comprimés en réduisant au minimum la quantité de sédiments à traiter et à éliminer et le volume d’eau à éliminer ou à rediriger.

Mesures pour améliorer la durabilité de la technologie et/ou favoriser l’assainissement écologique

On peut accroître la durabilité de travaux d’excavation de la façon suivante :

  • extraction et déplacement des espèces en péril et des habitats sensibles susceptibles d’être affectés par les travaux d’excavation;
  • recours à des mécanismes faits sur mesure pour prévenir la remise en suspension des sédiments (p. ex. rideaux à limon);
  • réalisation des travaux hors des périodes sensibles (frai, pêche commerciale, etc.);
  • détermination des ressources associées à la réglementation (permis de pêche, etc.) pour le site, des vulnérabilités et des mesures d’évitement ou d’atténuation appropriées;
  • réduction au minimum de l’extraction de sédiments non contaminés grâce à une précision accrue pour le positionnement du godet et sa profondeur;
  • réduire au minimum la quantité de sédiments expédiée aux installations d’élimination; dans la mesure du possible, envisager les options suivantes :
    • vérifier les possibilités de réutilisation des sédiments avant de sélectionner une méthode de traitement ou d’élimination; parmi les méthodes de réutilisation, on note la couverture dans un site d’enfouissement, le matériau de remblayage pour la construction, la restauration de terrains miniers, la couverture de sol de fondation ou le matériau de restauration, les matériaux de construction et le rechargement de plages;
    • otraiter les sédiments et des eaux usées et les éliminer sur place;
    • réduire le volume de contaminants à éliminer grâce à un prétraitement chimique, à la déshydratation ou au tri selon la grosseur;
    • si possible, réduire les distances de transport et les exigences de manutention. Si la contamination est faible, utiliser une technologie d’assainissement passive, comme la restauration naturelle.

Impacts potentiels de l'application de la technologie sur la santé humaine

Impacts sur le milieu aquatique

L’excavation peut modifier sensiblement le profil des sédiments et provoquer la perte totale de la communauté benthique. Il faut compter des mois, voire des années, pour une récupération complète, car l’excavation supprime les habitats et les sources nutritionnelles existants dans la zone, en plus de modifier éventuellement les niveaux de nutriments et d’oxygène à l’intérieur des sédiments.

On peut atténuer les effets négatifs sur les communautés aquatique et benthique en réalisant au préalable des études pilotes et des examens sur place. Ces études permettent de déterminer si l’excavation risque de créer des risques inacceptables pour ces communautés et s’il y a des espèces en péril sur le site. La présence de ces dernières peut signifier qu’il sera impossible d’utiliser l’excavation en vue de l’assainissement et que, si on y a recours, l’on devra capturer tous les individus et les déplacer pendant les travaux.

L’excavation peut entraîner la remise en suspension des sédiments, ce qui pourrait libérer les contaminants dans la colonne d’eau. Pour atténuer ce problème, il est possible de modifier la conception du projet et sa mise en œuvre (échéancier et étapes). Les clôtures anti-érosion et différents rajustements à l’exploitation (ralentissement du déplacement du godet, arrêt des travaux quand le vent est violent, etc.) sont des méthodes à envisager pour prévenir la remise en suspension des sédiments dans la colonne d’eau.

La surveillance du site fait partie des étapes importantes en vue d’atteindre les objectifs. Le suivi après l’assainissement facilitera la gestion des résidus et permettra la prise de mesures immédiates pour atténuer les risques. Il pourrait falloir, à cette fin, réaliser d’autres travaux d’excavation ou entreprendre un traitement secondaire (se reporter, par exemple, à la fiche d’information Recouvrement – Sédiments). En plus d’une surveillance immédiate après l’assainissement, des plans de suivi à court et à long terme devraient être élaborés pour l’entretien permanent du site. Ces activités viseront notamment la toxicité des sédiments, le rétablissement de la communauté benthique, la présence de contaminants bioaccumulatifs et les concentrations de contaminants dans le tissu des poissons. Par ailleurs, le rétablissement des milieux benthique et aquatique pourrait être avantagé par la remise en place de débris volumineux et de rochers. Les organismes aquatiques y trouveront un abri, ce qui encouragera le retour au site après la fin des travaux.

Grandes voies d’exposition et santé humaine

 

Déclencheurs des voies d’exposition (étapes de l’assainissement) Milieu de résidence ou de transport Voies d’exposition du public (sur place et hors site) Surveillance, niveaux de mesures et démarches d’atténuation
Déplacement du plan d’eau Contaminants dissous Contact cutané, ingestion accidentelle Fournir au personnel l’équipement de protection individuelle et le matériel de secours approprié (p. ex. des douches oculaires), selon les besoins
Enlèvement des sédiments Sédiments contaminés et propres Contact avec la peau, inhalation de particules et ingestion accidentelle Éducation du personnel concernant la sécurité et fourniture d’un équipement de protection individuel approprié et de matériel de protection (p. ex. absorbants carrés), au besoin.
Entreposage des sédiments asséchés Poussière Inhalation de particules Couverture des sédiments et arrosage pour supprimer la poussière, au besoin. Port d’équipement de protection individuel pendant la manipulation des matières
Traitement et élimination des eaux usées Amendements de traitement de l’eau Contact avec la peau (brûlures chimiques, brûlures thermiques) Éducation du personnel concernant la sécurité et fourniture d’un équipement de protection individuel approprié et de matériel de protection (p. ex. absorbants carrés), au besoin. Suivi des mesures en place pour l’entreposage et la manipulation en toute sécurité afin de réduire au minimum l’exposition, tel que l’énoncent les fiches techniques sur la sécurité du matériel.

Références

Auteur et mise à jour

Fiche rédigée par : Ashley Hosier, Ing., Collège militaire royal

Dernière mise à jour par : Ashley Hosier, Ing., Collège militaire royal

Date de mise à jour : 24 novembre 2016

Version :
1.2.5