Fiche descriptive : Déshalogénation réductrice catalysée – in situ

De : Services publics et Approvisionnement Canada

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Description

La déshalogénation in situ est un processus par lequel un halogène tel que le chlore est enlevé d'un contaminant dans le but de le rendre moins toxique. Cette technologie de restauration de l'eau souterraine implique la réduction des contaminants halogénés ou organiques volatils par un agent réducteur (donneur d'électrons) et en présence d'un catalyseur. Cette application très spécifique qui utilise un catalyseur métallique consiste à traiter l’eau souterraine à même un puits de pompage sans que l’eau ne soit amenée à la surface du sol. L’eau est passée par pompage à travers la zone réactive dans l’enveloppe du puits où de l’hydrogène est présent et un catalyseur à base de palladium sur une matrice d’aluminium de type commercial a été placé. Ce concept peut servir pour l’aménagement d’une barrière réactive perméable placée perpendiculairement à l'écoulement de l’eau souterraine contaminée par l’entremise d’un système de puits réactifs. Le catalyseur (palladium) est nécessaire compte tenu du faible temps de résidence dans le puits de pompage de l’eau à traiter.

Un des avantages d'utiliser cette technologie est la diminution du risque de contamination en surface par une eau contenant un autre contaminant à risque d’exposition, comme des produits radioactifs. De plus, la déshalogénation dans un puits réactif permet d’installer une barrière réactive plus profondément que ce que permettent les barrières réactives conventionnelles par tranchées.

Liens Internet :

Mise en œuvre de la technologie

La déshalogénation in situ réalisée à l’aide de puits réactifs implique l’aménagement de puits à double crépine. L'eau souterraine contaminée est pompée par l’une des crépines pour ensuite être mise en contact avec l'agent réducteur. L'eau traitée est ensuite réinjectée dans la nappe d'eau souterraine par la seconde crépine (McNab et coll., 2000).

La mise en œuvre de cette technologie peut inclure :

  • la mobilisation, l'accès au site et la mise en place d'installations temporaires;

l’installation de puits réactifs formant la barrière réactive;

l’installation de parois imperméables ou de drains souterrains à haute perméabilité de manière à canaliser les eaux souterraines vers la zone de puits formant la zone réactive;

l’insertion de produits réactifs (agent réducteur et catalyseur);

le renouvellement ou le remplacement périodique de produits réactifs (agent réducteur et catalyseur).

Matériaux et entreposage

La mise en place de cette technologie requiert peu d’entreposage sur le site. Les procédures d'entreposage sur le site sont reliées aux types de produits réactifs et aux procédés de remplacement utilisés. Les projets où un remplacement périodique est prévu ne devraient pas nécessiter d’entreposage sur le site puisque les produits réactifs peuvent être apportés sur le site au fur et à mesure des besoins.

Résidus et rejets

L’installation du système nécessite généralement des travaux de forage ou d’excavation dans les zones contaminées, entraînant la manipulation et l’élimination de sols contaminés, généralement placés dans des conteneurs et éliminés hors site.

Il n’y a habituellement aucun rejet liquide, autre que l’écoulement continu de l'eau traitée sortant des zones de traitement vers les sols situés en aval.

Analyses recommandées dans le cadre d’une caractérisation détaillée

Analyses chimiques

  • pH
  • La concentration des contaminants présents dans les phases :
    • adsorbées
    • dissoutes
  • La concentration des accepteurs d'électrons/sous-produits de réaction suivants :
    • le nitrate
    • les sulfates
  • Potentiel d'oxydoréduction

Analyses physiques

  • La concentration en oxygène dissous

Essais recommandés dans le cadre d’une caractérisation détaillée

Essais hydrogéologiques

  • Essai de pompage
  • Essais avec traceur

Remarque : Des essais sur le terrain pour mesurer la conductivité hydraulique au niveau de la barrière gelée ainsi que le rayon d'influence des tubes frigorifiques sont nécessaires avant de procéder à l'installation d'une barrière gelée.

Autre information recommandée pour une caractérisation détaillée

Phase II

  • La profondeur et l'étendue de la contamination

Phase III

  • La stratigraphie du sol
  • La connaissance détaillée de la géologie et de l'hydrogéologie incluant :
    • la direction d'écoulement des eaux souterraines
    • la conductivité hydraulique
    • les fluctuations saisonnières
    • le gradient hydraulique
  • La modélisation hydrogéologique
  • La connaissance détaillée de la géochimie de l’eau souterraine

Remarques :

Remarque :

Des essais en laboratoire et sur le terrain sont nécessaires pour évaluer si cette technique est applicable ainsi que les différentes conditions qui détermineront son efficacité. Des essais sur le site sont nécessaires pour déterminer les débits de pompage de l’eau souterraine, les taux d’injection de l'hydrogène dissous et le temps de résidence permettant la déshalogénation des contaminants en un seul passage dans les puits réactifs, ainsi que d’autres paramètres.

Applications

  • Permet la restauration de l’eau souterraine contenant des composés halogénés volatils et semi-volatils;
  • Permet la dégradation de certains pesticides;
  • Applicable si la contamination de l’eau souterraine est située en profondeur;
  • Le traitement à même un puits réactif ou une barrière réactive permet de minimiser les chances de déversements en surface (traitement sous terre) lorsque des substances indésirables (par exemple, le tritium et autres contaminants radioactifs) sont présentes dans l’eau souterraine.

Applications aux sites en milieu nordique

Les barrières réactives perméables présentent des avantages par rapport à d’autres traitements applicables à l’eau souterraine dans les régions nordiques et éloignées qui n’ont pas accès aux services publics ou à de la main-d’œuvre locale spécialisée pouvant assurer le fonctionnement et l’entretien. L’aménagement initial de la barrière peut s’avérer coûteux en raison de la mobilisation, des capacités locales de construction limitées et des fenêtres de travail relativement courtes. De même, les systèmes mis en place devront être adaptés au climat (gel en profondeur, présence de pergélisol, fonte printanière et soulèvement par le gel). Cependant, l’entretien d’un tel système peut être limité et périodique, selon les modalités d’injection des produits réactifs.

Type de traitement

Type de traitement
Type de traitementS’applique ou Ne s’applique pas
In situ
S’applique
Ex situ
Ne s’applique pas
Biologique
Ne s’applique pas
Chimique
S’applique
Contamination dissoute
S’applique
Contamination résiduelle
Ne s’applique pas
Contrôle
S’applique
Phase libre
Ne s’applique pas
Physique
Ne s’applique pas
Résorption
S’applique
Thermique
Ne s’applique pas

État de la technologie

État de la technologie
État de la technologieExiste ou N'existe pas
Démonstration
Existe
Commercialisation
N'existe pas

Contaminants ciblés

Contaminants ciblés
Contaminants ciblésS'applique, Ne s'applique pas ou Avec restrictions
Biphényles polychlorés
Ne s'applique pas
Chlorobenzène
Avec restrictions
Composés inorganiques non métalliques
Ne s'applique pas
Composés phénoliques
Ne s'applique pas
Explosifs
Ne s'applique pas
Hydrocarbures aliphatiques chlorés
Avec restrictions
Hydrocarbures aromatiques monocycliques
Ne s'applique pas
Hydrocarbures aromatiques polycycliques
Ne s'applique pas
Hydrocarbures pétroliers
Ne s'applique pas
Métaux
Ne s'applique pas
Pesticides
Avec restrictions

Durée du traitement

Durée du traitement
Durée du traitementS’applique ou Ne s’applique pas
Moins de 1 an
S’applique
1 à 3 ans
S’applique
3 à 5 ans
S’applique
Plus de 5 ans
S’applique

Remarques :

Remarque :

Le traitement à long terme (3 à 5 ans et plus de 5 ans) s’applique si la technologie est utilisée comme barrière d’interception ou de confinement.

Considérations à long terme (à la suite des travaux d'assainissement)

Les changements hydrauliques produits par la barrière (par exemple, le relèvement de la nappe phréatique en amont d'une barrière perméable colmatée) peuvent créer de nouvelles zones de dérivation ou de contournement au fil du temps. Le suivi de la performance doit être réalisé tout au long de l’opération de la barrière. Un entretien des puits pour maintenir leur performance hydraulique est nécessaire à long terme.

Produits secondaires ou métabolites

Bien que lorsque l'hydrogène et le palladium sont disponibles en quantité suffisante et que la réaction chimique de déshalogénation dégrade les composés chlorés sans formation de produits secondaires toxiques comme le chlorure de vinyle, la formation de produits secondaires toxiques est toujours possible.

Limitations et effets indésirables de la technologie

  • La conductivité hydraulique de l'aquifère doit être suffisante pour supporter le pompage de l'eau souterraine de manière à permettre une déshalogénation efficace des composés, ceci dans le but de permettre la restauration du site dans un laps de temps raisonnable;
  • Le taux de dégradation diminue avec le temps pour certains contaminants chlorés;
  • Le coût du palladium sur aluminium (utilisé comme catalyseur) est élevé et son utilisation est justifiée si l'eau à traiter contient des contaminants qu'il est préférable de laisser sous la surface, par exemple, des composés radioactifs;
  • Certaines procédures doivent être effectuées pour conserver le catalyseur en bon état de fonctionnement;
  • La présence de sulfure dans l’eau souterraine, même à une très faible concentration, peut neutraliser le catalyseur de palladium.

Technologies complémentaires améliorant l’efficacité du traitement

Il n'y a actuellement aucune technologie complémentaire améliorant l'efficacité de la déshalogénation réductrice catalysée in situ.

Traitements secondaires requis

Aucun

Exemples d'application

Les sites suivants fournissent des exemples d’applications :

Performance

La déshalogénation réductrice réalisée à l’intérieur de puits réactifs peut atteindre un taux de traitement de près de 100 % après seulement un passage dans le puits réactif. Le temps de réaction est extrêmement rapide et la réaction n'est pas affectée par le taux d'oxygène dans le milieu. Lors d'essais de déshalogénation réductrice in situ dans un puits réactif, 99 % du trichloroéthylène et du tétrachloréthylène présents dans l’eau ont été dégradés sans la formation de produits secondaires toxiques (McNab et Ruiz, 2000).

Mesures pour améliorer la durabilité de la technologie et/ou favoriser l’assainissement écologique

  • Utilisation d'énergie renouvelable et de machinerie à faible consommation d’énergie lors de l’aménagement de la barrière et des puits;
  • Optimisation de la configuration de la barrière pour réduire la grandeur et la quantité de matière réactive à utiliser;
  • Utilisation de matières réactives recyclables.

Impacts potentiels de l'application de la technologie sur la santé humaine

Poussière

Ne s’applique pas

Émissions atmosphériques/de vapeur – sources ponctuelles ou cheminées

Ne s’applique pas

S. O.

Émissions atmosphériques/de vapeur – sources non ponctuelles

Ne s’applique pas

S. O.

Air/Vapeur – sous-produits

Ne s’applique pas

S. O.

Ruissellement

Ne s’applique pas

S. O.

Eau souterraine – déplacement

S’applique (variation du niveau de la nappe phréatique)

Modélisation des effets de la barrière requis, surveillance à l’aide de capteurs de pression, surveillance de la migration de l’eau souterraine et surveillance des changements de gradients

Eau souterraine – mobilisation chimique/géochimique

S’applique (variation du niveau de la nappe phréatique)

Modélisation des effets de la barrière requis, surveillance à l’aide de capteurs de pression, surveillance de la migration de l’eau souterraine et surveillance des changements de gradients

Eau souterraine – sous-produits

S’applique

Modélisation des processus de dégradation des contaminants et de leur transport, validation du modèle, surveillance de la qualité de l’eau et essais pilotes

Accident/défaillance – dommages aux services publics

S’applique

Vérification des dossiers et obtention des permis préalables aux travaux de forage, élaboration de procédures de forage et d’intervention d’urgence

Accident/défaillance – fuite ou déversement

Ne s’applique pas

S. O.

Accident/défaillance – incendie/explosion

Ne s’applique pas

S. O.

Autre – manipulation et gestion des sols contaminés

S’applique

Examen des risques, élaboration de plans d’intervention en cas d’accident et d’urgence, surveillance et inspection des conditions dangereuses

Références

Auteur et mise à jour

Fiche rédigée par : David Juck, Ph.D., Conseil national de recherches

Mise à jour par : Jennifer Holdner, M.Sc., Travaux publics et Services gouvernementaux Canada

Date de mise à jour : 28 avril 2014

Dernière mise à jour par : Nathalie Arel, P.Eng., M.Sc., Christian Gosselin, P.Eng., M.Eng. and Sylvain Hains, P.Eng., M.Sc., Golder Associés Ltée

Date de mise à jour : 22 mars 2019

Version :
1.2.5