Fiche descriptive : Bioaugmentation – in situ

De : Services publics et Approvisionnement Canada

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Description

La bioaugmentation est une technique de bioremédiation in situ qui consiste à introduire des microorganismes indigènes ou exogènes (non indigène) dans le sol ou l’eau souterraine pour augmenter ou remplacer la population bactérienne déjà présente sur le site. Lors de l’utilisation de cette technique, une souche microbienne ou un consortium de microorganismes est introduit dans la zone contaminée afin d’augmenter la biodégradation des contaminants. Le processus peut s’effectuer en conditions aérobies (par exemple : diesel), ou anaérobies (par exemple : solvants chlorés). L’activité biologique peut dégrader les contaminants, réduire leur mobilité et/ou leur toxicité.

Un inoculum est préparé en laboratoire à partir d’échantillons de sol ou d’eau souterraine provenant du site contaminé ou provenant d’un site où la biodégradation du ou des composés ciblés est présente et efficace. Il est aussi possible d’utiliser des microorganismes cultivés pour leur capacité à dégrader le composé ciblé. Les microorganismes de l’échantillon de sol ou d’eau souterraine sont d’abord isolés sur milieu sélectif (où seuls les microorganismes capables de dégrader le composé ciblé poussent et se reproduisent), puis enrichis sur un milieu plus riche en nutriments pour obtenir un inoculum. Ils sont ensuite introduits dans la zone contaminée du site, où ils doivent s’acclimater, surtout pour les microorganismes exogènes, aux conditions géochimiques souterraines avant d’être en mesure de se multiplier.

Il est important de noter qu’au Canada, l’injection de souches microbiennes non indigènes est soumise au Règlement sur les renseignements concernant les substances nouvelles, de la Loi canadienne sur la protection de l’environnement de 1999. Les microorganismes utilisés doivent être inscrits dans la Liste intérieure des substances (LIS) d’Environnement Canada; peu de consortiums bactériens sont approuvés pour utilisation au Canada.

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Mise en œuvre de la technologie

Les projets de bioaugmentation in situ peuvent inclure :

  • L’obtention ou la culture d’un consortium bactérien indigène ou allogène adapté aux conditions du site et apte à décomposer les contaminants ciblés.
  • Des essais en laboratoire ou à l’échelle pilote
  • La mobilisation, l’accès au site et la mise en place d’installations temporaires
  • L’introduction de microorganisme peut nécessiter des mesures comme :
    • L’installation de puits d’injection
    • La construction de tranchées ou de drains d’infiltration
    • L’injection ou l’infiltration de solutions aqueuses de microorganismes
    • Le mélange en sol profond avec des réactifs solides ou en suspension
    • L’addition de microorganisme à de l’eau souterraine pompée, puis réinjectée
  • La mise en place d’un programme de suivi
  • Le démantèlement du matériel d’injection

Normalement, la vaporisation est utilisée pour introduire les microorganismes lorsque les sols sont contaminés en surface tandis que des puits d’injection sont utilisés lorsque les sols sont contaminés en profondeur. Dans certains cas, des nutriments, des donneurs d’électrons (substrat, nourriture), des accepteurs d’électrons, des réducteurs et/ou des oxydants sont également introduits pour stimuler l’activité bactérienne qui permettra la destruction ou la transformation des contaminants ciblés.

Les principaux enjeux de la bioaugmentation sont liés à la répartition du traitement dans le milieu souterrain et la sélection d’une souche microbienne ou d’un consortium de microorganismes adapté au milieu et capable de traiter les contaminants ciblés.

La bioaugmentation a été largement appliquée pour le traitement aérobie de carburants et la réduction anaérobie de solvants chlorés.

Matériaux et entreposage

Les microorganismes injectés varient considérablement en fonction des contaminants, de la composition des eaux souterraines et du spécialiste. Le matériel utilisé pour favoriser la croissance de la biomasse est similaire à tout autre projet de bioremédiation, soit des substrats apportant des nutriments et des donneurs ou des accepteurs d’électrons.

L’entreposage sur le site est principalement lié aux composés utilisés dans les systèmes d’eaux souterraines et aux procédés d’injection. Les projets utilisant des injections périodiques peuvent apporter sur le site des matériaux selon les besoins et ainsi éviter l’entreposage sur le site.


Résidus et rejets

  • Lorsque le traitement est achevé, le principal résidu est la biomasse microbienne (qui se décompose au fil du temps).
  • L’installation du système nécessite généralement des travaux de forage ou d’excavation dans les zones contaminées, entraînant la manipulation et l’élimination de sols contaminés, généralement placés dans des conteneurs et éliminés hors site.
  • L’eau souterraine traitée peut transporter des microorganismes, des sous-produits de dégradation et amendements hors de la zone de traitement. Un contrôle hydraulique pourrait être requis.

Analyses recommandées dans le cadre d’une caractérisation détaillée

Analyses biologiques

  • Le dénombrement de la population bactérienne hétérotrophe totale et de la population bactérienne spécifique (selon le ou les contaminants d’intérêt)

Analyses chimiques

  • pH
  • Le potentiel d'oxydoréduction (Eh)
  • Le contenu en carbone organique
  • La concentration des métaux
  • La concentration des métabolites
  • La concentration des contaminants présents dans les phases :
    • adsorbées
    • dissoutes
    • libres
  • La concentration des nutriments incluant :
    • l'azote ammoniacal
    • l'azote total Kjeldahl
    • les nitrates
    • les nitrites
    • le phosphore total
  • La concentration des accepteurs d'électrons/sous-produits de réaction suivants :
    • l'oxygène dissous
    • le nitrate
    • les sulfates
    • le fer ferrique et ferreux
    • le méthane
    • le manganèse dissous

Analyses physiques

  • La concentration en oxygène dissous
  • La température
  • L'analyse granulométrique
  • L'évaluation biologiques et des facteurs écologiques

Essais recommandés dans le cadre d’une caractérisation détaillée

Essais biologiques

  • Essai de minéralisation en microcosmes
  • Essai de biodégradation en bac

Essais hydrogéologiques

  • Essais avec traceur

Remarque : Des essais sur le terrain pour mesurer la conductivité hydraulique au niveau de la barrière gelée ainsi que le rayon d'influence des tubes frigorifiques sont nécessaires avant de procéder à l'installation d'une barrière gelée.

Autre information recommandée pour une caractérisation détaillée

Phase II

  • La profondeur et l'étendue de la contamination
  • La présence de récepteurs :
    • la présence de récepteurs potentiels
    • la présence d'infrastructures de surface et souterraines
    • le risque de migration hors site

Phase III

  • La stratigraphie du sol
  • La détermination des voies préférentielles de migration des contaminants
  • Une modélisation hydrogéologique
  • La connaissance détaillée de la géologie et de l'hydrogéologie incluant :
    • la direction d'écoulement des eaux souterraines
    • la conductivité hydraulique
    • les fluctuations saisonnières
    • le gradient hydraulique

Applications

  • La bioaugmentation permet de traiter la contamination résiduelle et la contamination dissoute;
  • S’applique pour le traitement de contaminants organiques en conditions aérobie (présence d’oxygène) ou anaérobie (absence d’oxygène);
  • Le pH doit être idéalement entre 6 et 8 pour permettre la croissance et l’activité des bactéries.

Applications aux sites en milieu nordique

La bioaugmentation in situ est potentiellement applicable dans certaines régions éloignées où les obstacles de mobilisation et de transport des matières et du matériel d’injection peuvent être surmontés. Le froid extrême peut nuire à la biodégradation et l’activité microbienne est optimale seulement durant la saison chaude et le traitement peut prendre plusieurs années. En profondeur (sous le pergélisol), l’activité microbienne est possible, car la température des sols est relativement constante tout au long de l’année.

Type de traitement

Type de traitement
Type de traitementS’applique ou Ne s’applique pas
In situ
S’applique
Ex situ
Ne s’applique pas
Biologique
S’applique
Chimique
Ne s’applique pas
Contamination dissoute
S’applique
Contamination résiduelle
S’applique
Contrôle
Ne s’applique pas
Phase libre
Ne s’applique pas
Physique
Ne s’applique pas
Résorption
S’applique
Thermique
Ne s’applique pas

État de la technologie

État de la technologie
État de la technologieExiste ou N'existe pas
Démonstration
N'existe pas
Commercialisation
Existe

Contaminants ciblés

Contaminants ciblés
Contaminants ciblésS'applique, Ne s'applique pas ou Avec restrictions
Biphényles polychlorés
Avec restrictions
Chlorobenzène
S'applique
Composés inorganiques non métalliques
Ne s'applique pas
Composés phénoliques
S'applique
Explosifs
S'applique
Hydrocarbures aliphatiques chlorés
S'applique
Hydrocarbures aromatiques monocycliques
S'applique
Hydrocarbures aromatiques polycycliques
S'applique
Hydrocarbures pétroliers
S'applique
Métaux
Ne s'applique pas
Pesticides
Avec restrictions

Durée du traitement

Durée du traitement
Durée du traitementS’applique ou Ne s’applique pas
Moins de 1 an
Ne s’applique pas
1 à 3 ans
S’applique
3 à 5 ans
S’applique
Plus de 5 ans
S’applique

Considérations à long terme (à la suite des travaux d'assainissement)

Un suivi de la qualité des eaux souterraines pourrait être nécessaire afin de s’assurer du respect des objectifs de réhabilitation et des critères et normes applicables lors du retour à l’équilibre de l’aquifère suivant l’arrêt du traitement et la décomposition de la biomasse.

Produits secondaires ou métabolites

La biodégradation de certains hydrocarbures aliphatiques chlorés peut générer des métabolites plus toxiques que le composé d’origine. En cas de déchloration réductrice (anaérobie), la formation de chlorure de vinyle ou de chlorure d’éthane peut justifier l’utilisation d’une étape de biorémédiation aérobie. Des problèmes similaires avec des intermédiaires toxiques peuvent se produire lors de la dégradation de certains explosifs et pesticides. Des essais en laboratoire ou pilotes, ainsi qu’un contrôle strict de la qualité des matières injectées sont généralement requis.

Limitations et effets indésirables de la technologie

  • Cette technologie n’est pas appropriée en présence de phase libre;
  • Ne s’applique pas pour les contaminants inorganiques;
  • Une injection homogène est difficile, car les fractures et les sols hétérogènes peuvent créer des chemins préférentiels d’injection;
  • Les microorganismes introduits sur le site peuvent ne pas s’adapter à leur nouvel environnement;
  • Ce traitement peut générer des concentrations toxiques de métabolites;
  • Une concentration trop élevée en contaminants peut être toxique aux microorganismes;
  • Une concentration trop faible en contaminants peut limiter l’activité microbienne (source insuffisante de carbone);
  • Une concentration importante en métaux peut inhiber la biodégradation;
  • En présence de concentrations élevées de fer ferreux ou de manganèse dissous, la croissance de la biomasse peut causer un colmatage des puits d’injection et de l’aquifère à proximité;
  • En cas d’incident ou de défaillances dans les zones de traitement, de l’eau souterraine contaminée non traitée peut migrer en dehors de ces zones;
  • Au Canada, les microorganismes utilisés doivent être inscrits dans la Liste intérieure des substances (LIS) d’Environnement Canada.

Technologies complémentaires améliorant l’efficacité du traitement

  • L’ajout de nutriments et d’oxygène peut, dans certains cas, favoriser les processus de biodégradation. Des essais en laboratoire sont recommandés afin de vérifier l’effet de la composition de nutriments sur le taux de biodégradation.

Traitements secondaires requis

Il n’y a pas de technologie secondaire requise.

Exemples d'application

Les sites suivants fournissent des exemples d’application :

Performance

Le temps nécessaire à la restauration d’un site par bioaugmentation in situ est très variable et est fonction à la fois du type et de la concentration en contaminant, du l’efficacité de la population bactérienne ainsi que des propriétés physico-chimiques du site.

Mesures pour améliorer la durabilité de la technologie et/ou favoriser l’assainissement écologique

  • Optimisation du calendrier afin de favoriser le partage des ressources et réduire le nombre de jours de mobilisation.
  • Utilisation d’énergie renouvelable et d’équipement à faible consommation d’énergie (par exemple, énergie géothermique ou solaire pour la distribution des agents réactifs).
  • Choisir des amendements requérant moins d’énergie pour la production.
  • Utiliser des amendements fournis par des producteurs locaux.
  • Recirculation de l’eau souterraine afin de maximiser l’utilisation des amendements et diminuer le nombre de puits d’injection.
  • Utiliser des sources d’eau alternatives comme moyen d’injection des amendements/nutriments.
  • Utiliser de contenants de solution en vrac recyclables.

Impacts potentiels de l'application de la technologie sur la santé humaine

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Références

Auteur et mise à jour

Fiche rédigée par : Magalie Turgeon, Conseil national de recherches

Mise à jour par : Karine Drouin, M.Sc., Conseil national de recherches

Date de mise à jour : 1 avril 2008

Dernière mise à jour par : Marianne Brien, P.Eng., Christian Gosselin, P.Eng., M.Eng., Golder Associés Ltée

Date de mise à jour : 22 mars 2019

Version :
1.2.5